B.-

Pascal Bruckner est romancier et essayiste.
Il est titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un doctorat de
Lettres.
Il fut professeur invité à l'Université d'Etat de San Diégo en
Californie (1986) et à la New York University (1987-1995), et Maître de
conférence à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris (1990-1994).
Depuis 1987, il collabore au Nouvel Observateur.
Propos Recueillis par Vincent Tremolet de Villers
Le Figaro, Samedi 27-dimanche 28 juin 2015
C.- Intégration ou assimilation : pour un cadrage conceptuel de la notion d'intégration française? - Jean-François Kola
Un extrait:
Pendant la colonisation et plus tard au cours de l’ère de
la décolonisation, l’assimilation se proposait de fabriquer au moyen
d’appareils d’état et d’un arsenal de mesures spécifiques des citoyens
français de seconde zone, des sortes de copies serviles des citoyens
français authentiques.
Il s’agissait d’amener l’indigène à diluer son
identité et sa personnalité dans un moule français. Vue dans cette
optique, l’assimilation revenait en somme à s’aliéner, à perdre sa
personnalité, son identité en vue de l’assujettir à d’autres repères
culturels. L’école, l’apprentissage de la langue française, l’octroi
d’une citoyenneté française factice (9) étaient les
nombreuses mesures qui devaient favoriser, rendre possible à long terme
l’assimilation.
Aujourd’hui, il semble que l’on ne propose pas d’autre
alternative à l’immigré en France, du moins lui propose-t-on
l’intégration qui n’est rien d’autre qu’une autre forme d’assimilation.
Alexis Spire dans l’avant-propos à l’ouvrage d’Abdelmalek Sayad montre
en effet que pendant longtemps plusieurs formulations concurrentes ont
été employées pour désigner le seul et même phénomène de l’intégration.
Il s’agit des termes « insertion », « assimilation », « intégration ».
Pour lui, ces formulations ne sont que les variantes d’un même
ethnocentrisme d’Etat (10) [qui a toujours considéré
les enfants d’immigrés comme] des cibles privilégiées des politiques
d’intégration, des « populations à problèmes » devant être façonnées par
la « pensée d’Etat » (11).
On argue de ce que ces derniers doivent accepter les
valeurs de la république, se fondre dans la République au risque de s’en
voir exclus ou de la quitter sans délai. A notre sens, l’intégration
deviendrait de ce fait unidimensionnelle, univoque. En se faisant absence
de consensus, de dialogue et d’acceptation de l’Autre dans sa
différence, l’intégration pourrait devenir une forme nouvelle
d’assimilation, une colonisation des esprits, une « machine à broyer les
identités » (12) pour paraphraser Alain Minc, du moins
une injonction à « devenir commun » en adoptant les normes dominantes ?
L’intégration rimerait ainsi avec une uniformisation pure et simple.
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Auteur: Jean-François Kola

Jean-François Kola est titulaire d’un Doctorat de l’Université de
Limoges dont le thème est : « Identité et institution de la littérature
en Côte d’Ivoire ». Il est, par ailleurs, titulaire d’un CAPES de
l’Ecole Normale Supérieure d’Abidjan, Côte d’Ivoire. Il est actuellement
professeur de Lettres dans un établissement secondaire à
Brive-la-Gaillarde en France.
Bien qu’il s’intéresse aux problématiques de l’interculturalité, de
l’analyse culturelle et des phénomènes culturels en général, ses
recherches portent essentiellement sur la question de l’identité et de
ses projections dans la production culturelle francophone, de
l’imaginaire dans les littératures francophones, de l’oralité, etc. Les
problèmes sous-jacents à l’écriture en milieu francophone africain, la
complexité des enjeux entre identité et altérité sont autant de sujets
qui l’intéressent.
Depuis le début de l’année, ses recherches se proposent d’appliquer la
théorie des représentations au champ littéraire en général.
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